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   Parlons Judo

L'Histoire du Judo

Jigoro Kano, le Fondateur

L'origine des Arts Martiaux

Le Passage des Jutsu vers les Do

Avant Kawashi

Aprés Kawashi

 

Serge Feist à Grenoble, Rencontre...

Thèmes judo (repris dans la revue)

Comment devient-on Ceinture Noire ?

Profiter du Randori

Vaincre pour convaincre

L'Echo des Tatamis : le Journal du Club

           L'Histoire du Judo : Jigoro Kano, le Fondateur

Né en 1860 a Kobe, il vint à Tokyo en 1871 et fit de brillantes études à la faculté des sciences politiques et de lettres. Il n'était ni grand, ni robuste et il commença à apprendre quelques rudiments de jujitsu . Très appliqué, persévérant et soucieux de technique, il devient bientôt un expert pour son âge, si bien qu'a 23 ans , il décide de fonder sa propre école de jujitsu .

Kano appela la discipline qu'il enseignait Judo et baptisa sa petite école Kodokan

Ce fut la période héroïque, celle des défis lancés par d'autres écoles et le triomphe des champions du Kodokan, dont la renommée allait devenir universelle. Le jeune élève de Kano, Shino Saïgo, fût à l'époque, l'un des plus fameux champions .

Avec son formidable esprit de synthèse, qui a fait de lui le créateur de ce nouveau sport, Kano était d'une activité débordante et d'un dynamisme que l'âge ne ralentit jamais. Il préparait des plans, dressait des rapports et organisait des missions. Yamashita, Tomita, Isogaï, Yokoyama, parmi ses plus anciens et célèbres disciples, voyagèrent dans le monde entier, contribuant ainsi à faire connaître le judo dans le monde. Kano lui même effectua de nombreux déplacements, à la fois comme fondateur du Kodokan mais aussi comme délégué olympique du Japon. Il fut, relativement jeune, membre du Comité olympique (1909). Il se rendit pour la dernière fois en France à l'occasion de la réunion du Comité Olympique au Caire en 1938 car les jeux devaient se dérouler à Tokyo en 1940. Il mourut le 4 mai 1938 sur le chemin du retour à 6h30 du matin à bord du Hikawa-maru, deux jours avant de toucher Yokohama.

A la fin de sa vie, il a fait des conférences au cours desquelles il souligne l'intérêt primordial de l'aspect éducatif du Judo (entraînement physique, arme défensive, mais surtout école de sang-froid et de maîtrise de soi).

 

 

           L'Histoire du Judo : L'Origine des Arts Martiaux

Le JUDO a pour ancêtre le JU-JITSU, en effet Jigoro KANO était un spécialiste du ju-jitsu qu'il avait étudié dans plusieurs écoles et dont il a extrait les techniques de projection et de contrôle que nous connaissons actuellement.

 

La première mention qui en est faite, se trouve dans une ancienne histoire du japon datant de l'an 720. Il y est mentionné un tournoi de lutte tenu sous l'empereur SUININ, pendant la 7ème année de son règne, soit en l'an 24 avant J.C.

Le mot JU-JITSU apparaît en Europe dans certains ouvrages publiés avant 1600 en Hollande. (Période TOKUGAWA)

Avant l'apparition des armes à feu, les combats se déroulaient avec des armes de jet tel l'arc ou le javelot, ou près avec le sabre, le couteau ou à mains nues (KUMI-UCHI). Le port des armes étant réservé aux nobles, le reste de la population n'avait d'autres choix que de développer des techniques de combats à mains nues ou d'utiliser les outils agraires pour se défendre (KO-BUDO). Les moines ont joué un rôle très important dans le développement et la diffusion de ces techniques ; ils se déplaçaient en effet très souvent et n'étant pas nobles, n'avaient pas droit au port des armes.

Il faut aussi mentionner des dessins représentant des postures et des mouvements étrangement semblables à ceux que nous connaissons aujourd'hui et qui ont été relevés sur une fresque égyptienne datant d'environ 2000 ans. Rappelons aussi les techniques de lutte et de combat au bâton qui étaient utilisées plus près de nous en Europe au Moyen Age. Ceci pour dire que les Arts Martiaux se développèrent de manière quasi universelle, mais qu'ils n'eurent sans aucun doute jamais, un développement aussi important qu'au Japon.

 

 

          L'Histoire du Judo : Le passage des Jutsu vers les Do

La légende veut que tout ait commencé par un vieux médecin chinois qui faisant une promenade en forêt durant un rude hiver, remarque comment de fines branches de pin, s'inclinaient sous le poids de la neige afin de s'en débarrasser, et pouvaient ainsi se redresser sans dommages alors que les branches d'arbres plus robustes cassaient sous le poids. C'est à partir de là qu'il imagina les premières techniques de JU-JITSU (Art de la souplesse) avec ses premiers principes comme l'utilisation de la force de l'adversaire pour la retourner contre lui et le vaincre.

L'harmonisation fut très lente, en effet, les différentes écoles gardaient jalousement le secret de leurs techniques, d'autant plus qu'elles pouvaient être un atout majeur lors d'une rencontre sur un champs de bataille, ces techniques étant surtout utilisées lors de combat entre armées de seigneurs rivaux.

C'était l'époque de BU-JITSU (L'art du guerrier) et qui a duré du VIIéme au XIIIème siècle pendant les grandes guerres civiles qui ont ravagées le pays.

Suivra l'époque du BU-GEI (entraînement du guerrier) qui verra apparaître un début de codification des techniques et d'apprentissage systématique. Des manuscrits illustrés décrivent les prises et techniques, les premières écoles (RYU) apparaissent.

Puis vint l'époque du BUDO (la voie du guerrier). Suite à une très longue période de paix instaurée par le shoguna (ère TOKUGAWA vers 1603), les batailles entre armées n'avaient plus lieu d'être et les écoles se multiplièrent et s'ouvrirent au plus grand nombre.

Vers le milieu des années 1800, on dénombre 159 écoles majeures d'arts martiaux réparties en 8 familles dont le JU-JITSU.

Ces écoles, en se multipliant, évoluèrent aussi et passèrent des JUTSU (arts, ensembles de recettes) vers les DO (voie, style de vie).

Ainsi le IAÏ-JITSU devint le IAÏ-DO, l' AÏKI-JITSU devint l'AÏKIDO et le JU-JITSU le JUDO.

 

 

          L'Histoire du Judo : Avant Kawashi

On peut dire qu'en France il y a deux périodes pour le JUDO et le JU-JITSU : L'avant KAWAISHI et l'après KAWAISHI.

En 1904, Ernest Régnier, qui se faisait appeler RE-NIE, ouvre rue de Ponthieu à Paris, une salle où il enseigne un mélange de lutte et de ju-jitsu qu’il avait étudié à Londres dans une école japonaise. L'évènement qui allait donner le premier élan au ju-jitsu, fut un combat qui eut lieu en 1905, le 26 octobre, en plein air, sur la terrasse de l'un des bâtiments de l'usine de carrosserie Védrien à Courbevoie. Ernest Régnier a 36 ans, il pèse 63 kilos et mesure 1m65, son adversaire, Georges Dubois, maître d'armes et de boxe, est également professeur d'escrime et sera maître d'armes à l'Opera-Comique de Paris. Il mesure 1m68, pèse 75 kilos et est agé de 40 ans. Après le traditionnel "Allez messieurs!" de l'arbitre, le combat commence, les deux hommes s'observent, sur une feinte de RE-NIE, Dubois attaque par un chassé bas que RE-NIE esquive. S'ensuit un corps à corps qui continue au sol où Dubois essaye d'étrangler RE-NIE, mais celui-ci se saisit du poignet de Dubois et lui porte une clée appelée JUGI GATAME : Dubois s'avoue vaincu, le combat a duré moins de 30 secondes.

Au lendemain de sa victoire, RE-NIE reçoit un grand nombre de demandes pour écrire un livre sur le Ju-jitsu de la part de nombreux hommes de lettres. Guy de Montgrillard va ainsi participer à la rédaction d'un livre appelé "Les Secrets du Ju-jitsu" RE-NIE devient professeur de Ju-jitsu dans le club du professeur Edmond Desbonnet sur les Champs Elysées, le succès est immédiat. Toute l'aristocratie parisienne veut apprendre cette méthode qui permet à un homme de 50 kilos de terrasser un collosse de près de 2 fois son poids. Cet engouement se terminera de la même manière qu'il a commencé, par un combat ou RE-NIE est agressé sournoisement lors d'une démonstration par Witzler, un lutteur professionnel qui lui porte un coup de tête qui projette RE-NIE au tapis la figure en sang. Le combat suivant, entre 2 instructeurs Japonais de Londres, n'est pas fait pour arranger les choses, un des deux hommes attrapant le second par les organes prouvant sa virilité et le contraignant à l'abandon. Ce geste ne fit rien pour la "grandeur" du ju-jitsu, bien au contraire, les débordements survenus dans la salle à la suite de cette action, poussèrent la préfecture à réglementer les combats de Ju-jitsu : les combats entre Japonais sont interdits. Peu à peu, le Ju-jitsu retombe dans l'anonymat.

 

          L'Histoire du Judo : Aprés Kawashi         

Il faut attendre 1932 et une conférence de Jigoro Kano pour que tout recommence. Moshe Feldenkrais, ingénieur et chercheur, passionné d'arts martiaux assiste à cette conférence et présente au maître un livre qu'il a écrit sur le Ju-jitsu. En 1934, les deux hommes se rencontrent à nouveau. En 1935, M. Feldenkrais, conscient des lacunes dont lui et ses amis souffrent, fait venir d'Angleterre le maître KAWAISHI alors 4ème DAN, pour y enseigner le Judo au sein d'une section d'un club de gymnastique et de culture physique réservé à des élèves de confession juive. Le Ju-jitsu Club de France était né.
Jigoro Kano en sera le président d'honneur. Les pionniers du Judo en France sont des intellectuels, chercheurs ou journalistes tels : Feldenkrais, I. et F Joliot-curie (Secrétaire Général), Biguart, Bonnet-maury (Président), C. Faroux . A la demande du maître KAWAISHI, cette section fut immédiatement ouverte aux élèves de toutes confessions. Cette section siègeait au 62 de la rue Beaubourg. Très rapidement, un second club ouvrit ses portes le 22 février 1936, rue Thénard, toujours à Paris, dans le quartier latin : c'était le club Franco-Japonais. En septembre 1939, lorsque la guerre éclate, M Feldenkrais doit rejoindre l'Angleterre M. KAWAISHI regroupe les deux clubs en un seul et prend en main la destinée du JUDO en France. La guerre de 39-45 freine un peu le développement du JUDO en France sans le stopper. Dès 1941 le JUDO s'organise : il devient une section de la fédération Française de Lutte. Le 30 mai
1943, a lieu le premier championnat de France à Paris, salle Wagram, un championnat sans catégorie de poids et d'âge. Cette compétition attire 3000 spectateurs et draine une foule 19 fois plus importante que celle du dernier National de lutte. Le 9 mai 1944, un mois à peine avant le débarquement en Normandie, se déroule les seconds championnats nationaux au Palais des Glaces à Paris. M. KAWAISHI, est contraint de rejoindre le japon qui vient de rentrer en guerre, non sans réunir ses plus anciens élèves en leur faisant promettre de rester unis et de s'entrainer le plus souvent possible sans abandonner le JUDO. Le Collège allait naître de cette réunion, Collège dont les statuts seront déposés en Novembre 1947. Avant la fin de la guerre, des clubs se sont ouvert à Paris et en banlieue, comme le Club St Honoré avec London, Opéra avec Lamotte, Cercle Sportif avec Mercier et Andrivet, St Martin avec Peltier, JC Nanterre avec de Herdt. Le 5 décembre 1946, le journal officiel publiait la naissance de la Fédération Française de Judo. En 1948 M. KAWAISHI rentre en France et doit s'accomoder des nouvelles structures, la Fédération et le CNCN étant nés pendant son absence. L'année 1951 fut décisive pour l'histoire du JUDO. La France adhère à l'Union Européenne, puis organise les Championnats d'Europe à Paris, au Vel d'Hiv, devant 12000 spectateurs et la même année voit la fondation de la Fédération Internationnale. S'en suivirent quelques dissentions qui rappellent celles que dut subir Jigoro Kano à ses débuts et qui s'estompèrent rapidement, même si la divergence des styles et des opinions existent encore, cela fait la richesse du JUDO.

          Serge Feist à Grenoble, rencontre...

 

Il est 20H45 ce mardi soir et j’ai rendez-vous au petit Savoyard pour interviewer Serge Feist, entraîneur de l’équipe de France masculine de judo pendant longtemps et grand spécialiste de notre sport.

Mon heure tardive ne m’aura pas permis de participer à un apéritif pourtant bien convoité après une séance de judo. C’est donc à table que je fus accueilli par Karim et présenté à Mr Feist. J’avais prévu de lui poser 5 questions mais le repas ayant commencé, Karim me proposa de me joindre à eux. S’en suiviT alors, 3 heures de discussion simples, passionnées, et enthousiastes, morceaux choisis.

Serge Feist à ses débuts : « A l’époque il n’y avait pas de judo pour enfants. Moi j’ai commencé le judo sur des sacs en toile de jute dans lesquels il y avait des copeaux et de la sciure. La douche c’était un arrosoir dans les waters. J’avais treize ans et çà m’plaisais. j’étais ceinture verte, et j’avais des amis qui étaient ceinture blanche, jaune, ils étaient moins gradés que moi et à la douche ils passaient après moi, ils attendaient. 30 balais, 40 balais, moi j’avais mes treize ans et ils attendaient.

Mon entraîneur monsieur Gillet, il m’a donné l’esprit, la porte, une façon de fonctionner, extraordinaire, c’est un mec extraordinaire. La façon de fonctionner là-haut (il montre sa tête), parce que la technique …, le peu de technique que j’avais (à l’époque !), ben je l’employais bien, mais il me déclenchait tout la-haut, il avait une façon de te faire avancer. Moi j‘étais un tueur, enfin un tueur au bon sens du terme forcèment, j’avais une envie, il te sublimait, c’est à dire que j’aurais pu avoir qu’une jambe il me disait que j’en avais 4, c’est çà. Et moi j’ai toujours fonctionné comme çà, c’est à dire, non il n’y a pas de mur là, on peut encore creuser. C’est comme ça et moi ça m’plaisait, c’est à dire, il n’y a rien qui te résiste.

C’était magique, mais comment çà peut fonctionner, mais comment on a pu faire çà ? Il m’apprenait des techniques pas possibles, à l’époque ça n’existait pas tout çà, des arm’lock à la volée, le judo à cette époque là c’était terrible. »

Puis nous en venons à discuter de ce judo d’avant et d’après guerre, juste le temps de nous rappeler que serge Feist a une véritable culture du judo. L’arrivée de Kawashi en France, un réseau judo constituait par Moshe Feldenkrais afin que la communauté juive puisse se retrouver ou bien encore les débuts de la Corg, il connaît bien son sujet.

Il aborde aussi l’évolution de notre sport « Le judo, il a basculé quand il a été aux jeux en 72. c’est uniquement les jeux olympiques qui ont fait que notre sport soit reconnu et médiatisé. Regarde le Karaté, il n’est pas aux jeux, le karaté il n’existe pas. Maintenant si le karaté était aux jeux on serait inondé par le karaté parce qu’il ramasserait toutes les médailles et il nous boufferait la tête, y’a pas photo»

Et les derniers jeux justement « Les médias ont réagi, quand ils voient que le 1er jour, rien, mais rien par rapport aux comportements, quand ils voient que le 2ème jour rien, Larbi fait 2 mais il est quand même champion du monde, c’est une déception, le 3ème jour rien, les médias ont dit, mais qu’est ce qu’ils nous font ? La médaille qui fait le plus plaisir, c’est celle de Demontfaucon, la plus inattendu, il a fait du judo. Bon alors après tu as Stéphane qui nous mets la chantilly et David la cerise ».

Nous en étions à commander un petit truc bien frais, quand on en vient à parler de l’épanouissement individuel que permet, entre autre, le judo. « Dans notre vie il y a toujours quelqu’un qui fait la petite lumière et peu importe qu’il soit très bon ou juste moyen, c’est ce qu’il vous a donné et lui il va vous faire avancer, ça se passe avec les tripes, avec le cœur. Chacun à son niveau, mais la lumière elle est la même. Les moments d’émotions, les moments forts que toi t’as pu vivre, moi j’ai vécu les mêmes, la différence elle se fait par rapport à l’évènement. Toi qui as battu des gars forts (il s’adresse à Karim), ce jour là tu étais aussi heureux qu’un champion d’Europe, et même en allant plus loin un gamin qui s’est dépouillé, arraché, il a le cœur au bord des lèvres, il est mort au bord du tapis c’est la finale il gagne un truc de merde, tu lui dis t’es bien, le môme il te regarde, c’est le plus beau jour de sa vie ».

Après ça, nous pouvions aller nous coucher car nous avions revisité notre monde…celui du judo et étions certains qu’il s’agit bien là d’une grande famille. B.B.

          Comment devient-on Ceinture Noire ?

T’es quelle ceinture toi ? Combien de jeunes rêveraient de répondre « Ceinture noire » tant ce grade symbolise la force et la maîtrise, dans l’esprit des gens.

Ah la ceinture noire ! C’est vrai qu’elle fait rêver… Nos jeunes judokas bien sûr car il s’agit d’un objectif inaccessible encore, ceux qui ont commencé le judo sur le tard aussi, elle devient « le » challenge, l’aboutissement.

Mais avant tout il faut franchir la porte d’un dojo. Au début, les centres d’intérêts sont tout autres que de devenir ceinture noire. Mais le pas est fait et ça commence…

1er cours, le second, puis un autre et le suivant et voilà la saison déjà terminée. Alors en démarre une nouvelle et si la motivation est intacte, cela se répète encore et encore.

Chaque fin de saison, en général au mois de juin, le professeur propose un passage de grade. Durant l’année il aura enseigné l’ensemble des techniques de judo nécessaires pour passer et réussir (normalement) la ceinture supérieure.

Selon la progression Française (programme technique lié aux grades) il y a 6 couleurs de ceintures qui précédent la ceinture noire : La blanche (ceinture du débutant), la jaune, la orange la verte, la bleue et la marron. Aujourd’hui, pour des raisons pédagogiques, il existe également des ceintures bicolores, les intermédiaires entre 2 couleurs, blanche/jaune, jaune/orange etc…

Ainsi, le professeur dispose de 10 grades avant d’attribuer la ceinture marron, dernière étape avant la ceinture noire !

Et nous y voilà enfin, l’obtention de la ceinture noire fait suite à 2 réussites très distinctes : les Katas et les points en compétition.

Les Katas tout d’abord, il s’agit de présenter à un jury 3 séries de 3 mouvements , tous très codifiés et réalisés à droite puis à gauche, soit 18 mouvements, première partie du Nage No Kata.

Celui-ci compte 5 séries en tout et il est la synthèse du judo debout, il en contient tous les principes de base: Déplacements, déséquilibres et projections.C’est un travail très laborieux qui demande une grande précision et une maîtrise des gestes, donc beaucoup d’entraînement.

Suite à la prestation, le jury valide ou pas.

A cela, le judoka doit accumuler 100 points en compétitions officielles (pas en tournoi) ou lors des shiaï (Compétitions pour passage de grades). Seul les Ippon (10 pts) et Waza-ari (7 pts) obtenus face à un adversaire de grade égal ou supérieur comptent.

Quand ces 2 étapes sont réussies le judoka devient ceinture noire 1er Dan.

Roulement de tambour, paillette et remise de ceinture, la fête quoi.

Seulement voilà, à ce moment précis, une petite voix vient te glisser à l’oreille: : « ce n’est qu’une étape, tout commence maintenant » et elle rajoute : « le meilleur est à venir ». BB

          Profiter du Randori

Même si le judo est un art «à part»… Il n’en respecte pas moins des règles communes à de nombreux sports, règles qui sont proches, au fond, de celles du savoir-vivre.

L’efficacité passe par l’entraide, c’est à dire par une relation attentive avec l’autre.

Quand vous allez avec un camarade faire un tennis, si vous êtes très largement supérieur à lui, vous lui renvoyez la balle pour que le jeu soit possible, sinon vous vous ennuyez très vite et votre partenaire, très mécontent, se jure de ne plus jouer avec un fou pareil. Si par ailleurs, vous jouez avec un homme plus âgé sur lequel vous n’avez que la supériorité de votre puissance de frappe, exploiter systématiquement cette unique dimension du jeu vous fera passer au fond pour un mauvais joueur. En randori de judo, finalement c’est presque pareil. Ces confrontations mutuellement consenties que sont les randori posent les mêmes questions, demandent pareillement d’être le partenaire, tout en étant l’adversaire.

Y parvenir est le signe d’un niveau de pratique et de compréhension du judo déjà avancé. Sur un certain plan, le randori est une partie entre deux joueurs qui a deux exigences de base : respecter le partenaire; travailler dans le plaisir mutuel et un esprit de progression. De trois choses l’une lors d’un randori : votre partenaire est beaucoup moins fort ou beaucoup plus fort que vous-même. Il peut être aussi de niveau sensiblement équivalent. Dans le premier cas lorsqu’il est moins fort, vous êtes le garant de sa sécurité et aussi de sa dignité. Plutôt que de le neutraliser par un kumi-kata dominant, faites l’expèrience de le laisser s’exprimer en attaque, offrez lui l’opportunité de se lancer, de s’engager, ce qui vous permettra de perfectionner dans le même temps vos esquives, et certaines ripostes. Ainsi votre attitude de judoka confirmé sera structurante pour votre partenaire qui n’a pas encore une maîtrise des postures, des gardes ou des déplacements, comparable à la vôtre. Si vous vous tenez droit, si votre judo est juste, bien construit, il pourra trouver des repères dans la sobriété des actions et des attitudes que vous offrirez en miroir de ses tentatives… Vous serez utile.

Ce cas fréquent mérite aussi réflexion : le partenaire est moins fort et ne parvient pas à échapper au contrôle ou au barrage de votre saisie. Pourtant il a un joli petit balayage ou un déplacement gênant… L’empêcher de démontrer ce talent par la brutalité de votre attitude, n’est-ce-pas une façon grossière de refuser d’apprendre quelque chose ? Vous êtes plus fort c’est entendu, mais êtes vous plus fort sur ce point précis du déplacement, de la gestion des appuis ? Laissez-le s’exprimer : vous serez plus respectueux de votre partenaire et plus utile à vous-même.

Lorsque le partenaire est d’un niveau plus élevé que le vôtre, la question ne se pose plus. Il est essentiel de travailler dans un esprit d’audace et de progrès. Il faut tenter sa chance !

Finir le randori en pensant : « …il ne m’a fait tomber qu’une fois …est un grave contre-sens et même une forme de ridicule. C’est le moment justement d’oublier complètement la différence qui vous sépare de l’autre… Et de réussir à le mettre dans le vent lors d’un bel enchainement ou par une feinte efficace. Encore une fois, lutter en puissance, « mettre les brancards », pour ne pas en prendre, n’est ni vraiment respectueux de la différence de niveau, ni vraiment très malin. Ce n’est pas de cette façon que vous vous ferez reconnaître comme « un bon ». Enfin, s’il est du même niveau que vous, le registre du randori est grand ouvert. Un conseil cependant : faites le plus souvent possible quelque chose de précis. Parfois votre thème de travail concernera le kumi-kata et le contrôle de l’adversaire, d’autre fois il s’agira plutôt de la préparation de l’attaque. De très nombreux buts de travail peuvent ainsi rendre l’entrainement par le randori encore plus exigeant et efficace. Et bien sûr, avec un adversaire de même niveau, il devient possible de s’entrainer au randori de la façon la plus savoureuse, c’est à dire sans se poser de questions…Repris dans la revue judo : Patrick Roux, 6ème dan, formateur de l’école française de judo-jujitsu

          Vaincre pour convaincre

Le judo est « un sport de combat », c’est à dire que le principe de la victoire y est deux fois important : Lié à la dynamique sportive d’abord, mais aussi du fait que le judo est un ancien système de défense. Il est donc avant tout, question d’apprendre à vaincre, et il n’y a aucune raison de refuser cette idée ou de s’en distancer. En judo comme dans toutes disciplines sportives, la victoire est une formidable ivresse et la compétition « lieu » de la victoire, une grande passion. Cette passion du jeu, d’affrontement, c’est du sport et le sport transcende positivement la nature violente de l’homme, sa volonté de s’affirmer par rapport aux autres, de dominer. Quoi que nous en pensions d’ailleurs, au quotidien de la pratique, il ne fait guère de doute que vaincre plus régulièrement que les autres est un plaisir extrême qui soutient nos plus intenses efforts, notre plus opiniâtre patience. Sans ce désir là, pas de netteté, pas de progression claire, pas d’échanges, pas d’universalité du judo qui se fonde sur la simplicité ancestrale de ses principes premiers.

La particularité du judo est d’offrir comme une sorte « d’en deçà » de la victoire, et surtout, un « au-delà ». L’en deçà de la victoire, c’est de faire effectivement du judo sans chercher à gagner, à vaincre son vis-à-vis. C’est ce que nous faisons pendant les phases d’apprentissage où le plus important est alors la découverte de nos moyens et de nos limites, de nos réactions et de nos sentiments face au combat et aussi des procédés subtils qui sont la sève de la discipline et dont l’étude demande de la constance, de la disponibilité physique, mentale, une véritable humilité, ici, la victoire est plus que secondaire.

Gagner d’accord, mais pourquoi et comment ? Vaincre pour convaincre… Convaincre le partenaire-adversaire bien sûr, et démontrer son incontestable supériorité.

Certains objecteront que la victoire ne se discute jamais. Elle est, un point c’est tout, et tous les moyens, toutes les méthodes qui y conduisent se valent. C’est vrai sur un certain plan : un champion olympique brillant vaut le même poids en médaille qu’un champion olympique de moindre talent… Mais qui voudriez-vous être ? Au fond, une hiérarchie secrète dans la valeur des victoires existe et nous la connaissons tous. Celui qui doit sa supériorité (momentanée) à une grande puissance physique ou à une agressivité naturelle, impressionne certes, mais ne démontre rien, à part, sans doute, sa détermination à s’affirmer, à se valoriser d’une façon qui reste frustre… et frustrant pour ses adversaires. La leçon de son parcours c’est « la loi du plus fort » qui ne suscite chez l’autre qu’une seule émotion : le violent désir de surpasser, par la force ou par quelque autre moyen, cette conjonction tyrannique. De même l’habile tacticien, celui qui joue si bien avec les règles et leurs faiblesses qu’il empoche des victoires que ses adversaires mériteraient sans doute plus que lui. On objectera que son talent tactique est une intelligence des choses bien supérieure à la simple expression de la force. C’est vrai, mais cette intelligence est plutôt une forme de ruse, une qualité précieuse et respectée mais qui n’embrasse pas l’ensemble du principe. Il triche en quelque sorte, ce que tout le monde ressent. C’est d’autant plus vrai quand cette ruse est au service d’un niveau manifestement inférieur à celui de l’adversaire, flirtant sans cesse avec un comportement aux franges du médiocre : Jouer sur l’esprit de l’arbitre, s’arranger pour faire pénaliser, pour récupérer etc…

Dans les deux cas, la victoire ne peut pas être positive, car les seules leçons qu’elle donne, sont les façons d’amoindrir, d’entraver les travers de son vis à vis en lui faisant l’affront de le vaincre sans le convaincre de sa défaite, sans lui apprendre quelque chose. C’est un jeu qui n’est pas sans intérêt, mais rapidement répétitif et vain. La victoire, la plus belle est celle qui a un sens. Ce sens se perçoit de l’intérieur : la victoire est une démonstration. C’est le travail accompli pour atteindre le niveau manifesté, mais surtout la pertinence de ce travail, qui apparaît. Ce beau vainqueur est un judoka qui a « tout compris » et ce qu’il a compris, on en voit la fulgurance dans un geste spontané, une attitude juste. C’est, bien sûr, le niveau technique qui est le socle de cette démonstration. Existe-t-il une émotion plus profonde, pour un judoka, qu’un ippon parfait ? A travers cette maîtrise, la victoire devient leçon et échappe au jeu de l’affirmation égotiste et parvient à convaincre. Un déplacement sanctionné par un balayage dans le temps, un relâchement bien exploité ou encore une habile confusion amenant l’adversaire à se jeter lui-même sur le dos, rien de tout cela ne se discute, ne se conteste.

Vaincre est essentiel en judo, c’est entendu, mais la pire des erreurs serait sans doute de prendre notre désir de victoire au pied de la lettre. Car ce n’est pas de victoire dont il faut rêver, mais d’excellence, ce n’est pas de battre l’adversaire, mais de le surpasser, ce n’est pas d’être le premier, mais le meilleur possible.

Le combat est une démonstration, la victoire son éventuelle conséquence.

La revue judo : Emmanuel Charlot